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Robert BOYER
Lorsqu'on veut caractériser un comportement il faut se donner des repères, des indices significatifs qui, en évoluant, attestent de l'évolution du comportement. La lecture, comportement complexe et secret, n'échappe pas à ce principe.
L'AFL qui souhaite agir pour accroître le nombre de lecteurs s'est, très tôt, préoccupé de créer des ou¬tils d'entraînement pour améliorer les comportements de lecteur (Fichiers ATEL, Logiciels ELMO...). Ces outils permettent à l'apprenti-lecteur, sous certaines conditions d'utilisation, d'acquérir très vite des comportements efficaces de lecteur.
Mais qu'est-ce qu'une lecture efficace ?
Une lecture efficace ou plutôt un lecteur efficace est un lecteur qui est satisfait de sa lecture. Belle définition qui ne nous avance pas beaucoup car, me direz-vous, à quoi reconnaît-on qu'un lecteur est satisfait ? Posez-lui donc la question et il vous répondra ! Au début c'est un exercice un peu diffi¬cile mais si vous insistez il vous avouera : qu'il cherchait quelque chose et qu'il l'a trouvé, que la lec¬ture de tel livre l'a ému ou intéressé, qu'il a éprouvé du plaisir à relire tel roman, qu'il a réussi à com¬prendre le fonctionnement de tel appareil malgré des explications visiblement mal traduites du co¬réen... etc. la liste est trop longue, les écrits trop divers, les raisons de les lire trop variées, trop liées au vécu personnel de chaque lecteur, trop fonction de l'âge, des préoccupations du moment, des ren¬contres avec d'autres écrits, des conseils d'amis lecteurs... qu'il devient impossible de fournir une échelle valable permettant de mesurer le degré de satisfaction du
lecteur.
Pour caractériser l'efficacité en lecture les chercheurs ont donc été amenés à repérer dans la lecture des
variables mesurables de manière objective : c'est ainsi que la vitesse et la compréhension ont été rete¬nues pour caractériser une lecture efficace.
La vitesse, c'est le temps de "la saisie des données". C'est le temps mis pour arriver à la fin du texte. Elle est
- soit mesurée en nombre de signes par minute, et peut aller de moins de 550 s/mn ("lecture" ânon- née sous forme d'épellation syllabique) à plus de 1300 s/mn (lecture efficace, preuve de comporte¬ments de lecteur élaborés : à cette vitesse-là l'écrit est directement traité comme un "langage pour l'œil" et non plus comme un dérivé de l'oral),
- soit exprimée en nombre de mots par heure, ce qui est plus "parlant" (c'est le cas du logiciel EL¬MO) et peut aller de moins de 600 mots/h à plus de 15 000 mots/h. Certains lecteurs pouvant aller jus¬qu'à plus de 30 000 mots/h avec une excellente compréhension. On peut même noter que ce sont les lecteurs les plus rapides qui comprennent le mieux ! C'est le cas de la lecture sélective de survol ou d'écrémage (recherche d'information, lecture d'article professionnel, "survol" de la "une" d'un quoti¬dien...) mais aussi de la lecture linéaire intégrale (lecture d'un roman ou d'un manuel scolaire...) grâce au phénomène d'anticipation qui
permet de comprendre sans avoir vraiment "tout vu".
Si nous parlons plutôt de lecture efficace que de lecture rapide pour caractériser la lecture, c'est qu'il nous semble que la vitesse (donc la rapidité de lecture) est plus la conséquence d'un véritable compor¬tement de lecteur qu'un but à atteindre en soi. Ce n'est pas en accélérant artificiellement sa vitesse de lecture que l'on devient un lecteur rapide ; ce n'est que par un long travail de réflexion sur sa propre lecture et sur son statut de lecteur, d'entraînement approprié et de réinvestissement dans des actes de lecture nombreux et variés qu'une certaine efficacité personnelle peut être atteinte. Un lecteur rapide n'est pas un lecteur qui se presse, c'est un lecteur qui saisit plus d'information à chaque fixation de l'oeil (empans plus larges) et qui traite plus vite (fixations plus courtes) et mieux (moins de retours en arrière) cette information en l'associant de façon constructive à ce qu'il a déjà en mémoire. De récents travaux sur Le regard et la lecture publiés dans la Recherche n°211 de Juin 1989 ne nous semblent pas contredire ce qui a déjà été écrit à ce sujet en 1976 dans La manière d'être lecteur ou plus récem¬ment dans les parties pédagogiques des guides d'utilisation des logiciels de l'AFL. C'est le cerveau qui lit, l'œil lui, ne fait que capter du mieux qu'il peut ce qui est utile à la construction progressive du sens. Toute démarche pédagogique, toute technique d'entraînement à une lecture efficace ne doit pas perdre de vue que "derrière l'oeil" il y a un sujet lecteur avec ses intentions de lecture, ses représentations, ses habitudes et ses compétences de lecteur. Et pour que le lecteur soit satisfait de sa lecture il faut qu'il ait compris, c'est-à-dire qu'il ait pu tirer suffisamment d'information au cours de sa "promenade oculaire" pour en faire une construction cohérente de sens, construction en partie déjà tracée par son attente vis à vis de l'écrit en question. D'où le second critère retenu pour mesurer l'efficacité en lecture : la compré¬hension.
La compréhension s'élabore au cours du "traitement de l'information recueillie" pendant la lecture. Elle se mesure grâce à des questions sur le texte et s'exprime en pourcentage : de 0 à 100%.
On estime qu'une compréhension inférieure à 35% est insuffisante pour parler d'acte de lecture vérita¬ble (elle peut aussi bien être obtenue par hasard, sans rien avoir lu du texte !) et qu'une compréhension de 60% constitue le seuil minimum acceptable, en dessous duquel il ne faut pas descendre pour pré¬tendre parler d'efficacité. Mais pour que ce recueil d'information minimum soit considéré comme aisé par le sujet lecteur, que celui-ci soit satisfait de sa lecture, il faut que le temps mis pour l'obtenir ne soit pas trop important ; sinon des difficultés de mémorisation risquent d'apparaître et de perturber la compréhension.
On sent bien que les deux critères "vitesse et compréhension" sont à considérer dans leur interaction. C'est précisément pour tenir compte de cette complémentarité que les deux critères ont été associés dans le calcul de l'indice d'efficacité.
L'efficacité en lecture apparaît alors comme une résultante. Lorsqu'on veut la chiffrer, elle se calcule selon la formule : Vitesse (en signes/mn) x Compréhension (notée de 0 à 10) / 100.
Cet indice d'efficacité peut varier de quelques points à plus de 300 points, mais on estime qu'il faut dé¬passer 50 points d'efficacité (42 en lecture sur ELMO, 54 en lecture papier) pour que les comporte¬ments de lecteur offrent un profit suffisant pour "entraîner des actes de lecture fréquents et fruc¬tueux" ; c'est ce qui se produit à coup sûr chez les lecteurs atteignant l'indice 100 avec une compréhen¬sion au moins égale à 60%.
Un lecteur efficace est donc un lecteur qui est satisfait, à la fois, de la vitesse de sa lecture et de la compréhension qu'il en retire. Il est ni un fanatique de vitesse pure, ni un maniaque à qui rien ne doit échapper. Le lecteur efficace sait adapter sa vitesse de lecture aux buts qu'il poursuit (dont il est seul juge) et au type d'écrit qu'il a sous les yeux.
La lecture efficace se rapproche donc plus de la lecture flexible que de la lecture rapide. "Un indice d'efficacité est un moyen puissant et synthétique de caractériser le comportement de lecteur puisqu'il maintient l'équilibre entre une lecture rapide qui retient l'essentiel et une lecture plus lente at¬tentive aux détails" .
C'est donc au regard de cet indice d'efficacité que peuvent surtout être appréciées les qualités d'un en¬traînement à la lecture.
Les sportifs s'entraînent, les lecteurs aussi.
Un entraînement n'est efficace que s'il est motivé, régulier, adapté et cohérent. C'est ce qui est recher¬ché dans les "modules d'entraînement" qui utilisent le logiciel ELMO .
Un entraînement motivé. Il est clair qu'il vaut mieux savoir à quoi on "joue" ; sinon, même le jeu paraîtrait vite ennuyeux ! Un entraînement, fait d'exercices répétitifs n'a de chance d'être profitable que si le sujet qui s'entraîne connaît les implications des comportements élémentaires qu'il renforce, dans le comportement final qu'il cherche à acquérir. Dès le début l'AFL met les formateurs-lecture en garde contre la "tentation techniciste"(7). Ce n'est pas la méthode ou la technique d'entraînement, fut-elle par ordinateur, qui fait le lecteur. Pour être lecteur et se sentir motivé pour perfectionner sa lecture, il faut ne pas être exclu des groupes sociaux qui utilisent l'écrit comme moyen d'action et de réflexion. Le premier travail à entreprendre pour augmenter le nombre de lecteurs, c'est une action sociale et po¬litique pour faire reculer les causes de la marginalisation et de l'exclusion.
Le non-lecteur n'est pas quelqu'un à qui il manque les moyens (techniques) de lire, c'est quelqu'un à qui il manque les raisons de lire. Dans ce même numéro l'article de Raymond MILLOT sur le Statut de lecteur apporte d'utiles précisions sur ce point.
Un entraînement régulier. Selon les possibilités locales, l'organisation pédagogique peut déboucher sur deux types d'entraînement :
- L'entraînement intensif sous forme de stages groupés d'une quarantaine d'heures. Ces stages de type "ELMO-Contact" alternent entraînement individuel sur le logiciel et réflexion collective sur la lecture et le statut de lecteur avec information sur l'acte lexique. Ces stages s'adressent en général à des formateurs et l'entraînement joue alors le rôle d'accélérateur de prise de conscience des comportements de lecteur des stagiaires .
- L'entraînement long, dilué sur plusieurs mois, entraînement de soutien qui permet de consolider des acquis ou de faire évoluer les comportements de lecteur. Entraînement avec ou sans logiciel, sur des textes connus que l'on destructure en fabriquant à partir d'eux des exercices à trous, des puzzles, des dictionnaires... etc. Pour la fabrication de tels exercices ou de telles séries de mots le logiciel ELMO INTERNATIONAL (comparable par certains côtés à ELMO 0, mais plus puissant) est d'une grande utilité pour les formateurs.
Dans le cadre d'un établissement scolaire l'entraînement peut varier de 1 à 3 séances hebdomadaires et quelques témoignages peuvent donner des idées pour organiser de tels modules d'entraînement .
Dans le cadre d'un "self-lecture adulte" le passage devant l'ordinateur se fait selon un planning heb¬domadaire où chacun s'inscrit librement.
Dans tous les cas d'entraînement long, un phénomène intéressant apparaît en fonction de la durée : après une progression rapide de l'efficacité, un creux se dessine vers la 5ème heure d'entraînement, pour ensuite remonter si l'entraînement se poursuit au-delà d'une dizaine d'heures. "On assiste ici à une déstabilisation des comportements alphabétiques poussés à leurs limites (...) Le temps que s'organi¬sent de nouvelles stratégies (...) le saut qualitatif s'opère... Puis les comportements prennent de l'assu¬rance, la vitesse s'accélère, la compréhension augmente et dépasse largement le niveau initial" . Ce point soulève la question de savoir si ce "saut qualitatif" entre des comportements alphabétiques et de véritables comportements de lecteur se fait en une fois et une fois pour toutes ou s'il se produit de ma¬nière répétée tout au long de l'apprentissage. La connaissance que nous avons des processus d'appren¬tissage laisse à penser que c'est le second cas qui prévaut. Tout apprentissage conduit à la construction d'un système dynamique fait d'équilibres et de déséquilibres successifs (5). Ce constat devrait inciter tous les formateurs-lecture qui y souscrivent à abandonner l'ère de "l'alphabétisation" pour entrer dans l'ère de "la lecturisation" pour que dès l'apprentissage initial de véritables comportements de lecteur soient mis en jeu et théorisés. (Cf. l'article de Roland GOIGOUX dans ce même numéro).
Un entraînement adapté. Les différents types d'exercices proposés lors d'un entraînement à la lecture doivent porter sur des composantes de l'acte lexique afin que l'apprenti-lecteur exerce en s'entraînant des comportements constitutifs de l'acte final visé (4). Ces exercices, bien qu'artificiels permettent une réflexion sur les stratégies employées pour les résoudre, sur les difficultés rencontrées. Ils poussent le lecteur à faire des liens entre les moments d'entraînement et les moments de "vraie lecture". C'est la qualité et la fréquence de ces liens qui conditionnent les transferts de comportements. ELMO est un logiciel très apprécié de ce point de vue car chaque utilisateur se voit toujours proposer des exercices adaptés à ses compétences ; ce qui permet à des enfants de 6° de multiplier leur efficacité en lecture par 2,44 après 6 à 7 plans d'entraînement .
Mais bien avant d'être en âge d'utiliser des techniques d'entraînement (comme ELMO) les jeunes en¬fants peuvent (doivent) recevoir des aides adaptées à leur niveau et au texte à explorer. C'est la nature de ces aides qui les conduira, ou non, vers des comportements véritables de lecteur. Ces aides "sont de deux types. D'une part, des aides à la compréhension immédiate des textes objets d'investissement (in¬formation, anticipation, recours aux fichiers et dictionnaire, confrontation, etc.) ; d'autre part, des ai¬des aux stratégies générales (identification rapide, points de fixation, anticipation, structures, explo¬ration, etc.)" . Et l'on se rendra compte que très tôt (beaucoup plus tôt qu'on ne le croit) les jeunes en¬fants sont capables d'explorer, en notre compagnie, des écrits complexes.
Un entraînement cohérent. Nous ne le répéterons jamais assez, car tous ceux qui parlent encore de "Méthode Foucambert" ou de "Méthode ELMO" ne l'ont pas encore entendu, un entraînement à la lecture n'a de valeur que s'il s'inscrit dans une politique globale de lecture. Je ne développerai pas ce propos ici, je renvoie le lecteur à l'article de Jean-Pierre BENICHOU "Une politique globale", dans ce même numéro, aux "Sept propositions" de Jean FOUCAMBERT dans le n°8 des A.L. et au Dossier sur le Collège de St AMBROIX dans les n° 31 et 33.
Je tiens cependant à souligner un point : L'entraînement seul modifie peu la représentation qu'on a de la lecture, s'il ne s'accompagne régulièrement de temps de théorisation et de réinvestissement.
La lecture efficace dans la revue.
Tout ce qui vient d'être exposé figure dans la revue dès les premiers numéros. En cela, rien d'éton¬nant... cette continuité du discours n'est pas la manifestation d'une rigidité mais s'explique par le fait que l'AFL s'est surtout efforcée d'adapter au niveau des premiers apprentissages et en utilisant l'infor¬matique, une théorie de l'acte lexique et des techniques d'entraînement déjà éprouvées (et divulguées en France par F.RICHAUDEAU) dont le fichier ATEL était le premier exemple.
C'est pourquoi, au fil des numéros, relève-t-on essentiellement des exemples d'utilisation des logiciels avec des publics et dans des dispositifs pédagogiques variés. Comptes-rendus, témoignages, bilans et évaluations accompagnent des textes plus théoriques qui, sans cesse, rappellent quelle fonction et quelle place peut avoir un entraînement dans une pédagogie de la lecture bien comprise (rôle de la sys¬tématisation dans l'apprentissage, importance relative des aspects techniques, nécessité de "théoriser" et de réinvestir les acquis qu'illustre la présentation d'un "module" d'utilisation d'ELMO).
Ces articles sont manifestement, dans l'esprit de leurs auteurs, de véritables rappels des principes qui ont présidé à l'élaboration des logiciels. Et cette remarque nous conduit à aborder la question de l'ac¬cueil fait à ces propositions de l'AFL. C'est, qu'en effet, face au désarroi des enseignants et des forma¬teurs, les techniques d'entraînement et de perfectionnement du savoir-lire telles que les logiciels les proposent ont rencontré un véritable succès. Or, pour l'AFL, ELMO n'est qu'un moyen parmi d'autres et l'illusion est dans la croyance qu'il est "la" solution aux problèmes de lecture. La maîtrise des tech¬niques de lecture n'a d'intérêt que pour qui a des raisons de lire et une pratique de lecture. L'entraîne¬ment ne peut être que second, offert à des individus qui en ressentent la nécessité et en perçoivent la fonction, efficace quand ses effets sont réinvestis dans une pratique authentique.
Les évaluations faites en France et au Québec , avec des enfants et des adultes, font toutes apparaître une progression de l'efficacité en lecture, voire une amélioration de la production écrite, bien que les conditions soient parfois loin du principe de cohérence énoncé plus haut.
En 1992, l'AFL a réalisé une enquête auprès des utilisateurs d'ELMO pour connaître leur opinion sur l'utilisation du logiciel dans les établissements scolaires et les organismes de formation.
Il ressort de cette enquête que ce logiciel aux qualités certaines (gestion individualisée de la progres¬sion, bonne adéquation entre les exercices proposés et ce que l'on sait de l'acte lexique, efficacité re¬connue...) souffre d'un "sous-emploi" notoire même dans les établissements où les gens sont satis¬faits de son emploi. les raisons invoquées vont de l'insuffisance ou de la vétusté du matériel aux contraintes techniques et ergonomiques du logiciel en passant par le manque de temps et les difficultés d'organisation.
L'AFL se doit d'améliorer les outils qu'elle élabore : elle s'y emploie en réinvestissant le produit de ses ventes de logiciels dans la recherche et l'expérimentation. Quant aux problèmes d'organisation et de temps, des solutions doivent être recherchées en équipe autour de projets qui accordent réellement "à
l'exemple de St Ambroix, priorité et primauté à la lecture".
Au-delà des raisons matérielles l'enquête fait apparaître : . une forte réticence du corps enseignant vis à vis de l'informatique,
. une demande de formation et d'aide à l'utilisation d'ELMO pour lutter contre l'échec scolaire quand celui-ci est le résultat d'une lecture inefficace, . une certaine résistance au changement.
"Les enseignants expriment une insatisfaction ou plus exactement la conviction qu'il y a plus et mieux à faire avec et à partir d'ELMO".
Un entraînement à la lecture efficace pour quoi faire ?
Comme le sportif complet, bien dans sa peau, le lecteur efficace entretient son savoir lire quotidien¬nement. Sa vie de tous les jours l'amène à rencontrer d'autres lecteurs : dans sa profession, dans ses loisirs, dans le milieu associatif, dans sa vie de citoyen, etc.. C'est cette implication sociale, avec des projets divers à réaliser qui "oblige" le lecteur efficace à des lectures nombreuses et variées, ce qui le conduit à diversifier ses façons de lire, à faire quotidiennement l'expérience de la flexibilité.
Mais pour devenir un lecteur efficace, il faut être, d'abord, lecteur "tout court". Et être lecteur, c'est être acteur ; c'est participer activement à l'élaboration de son savoir, mais aussi de son environnement culturel, professionnel, social, politique. Etre lecteur c'est questionner les écrits qui nous concernent, de manière agressive ; c'est fuir l'aliénation qui oblige à s'en remettre à autrui pour simplement survi¬vre dans un monde où l'écrit est de plus en plus présent.
Etre un lecteur efficace ce n'est pas un luxe, c'est vital !
L'AFL ne cherche pas les performances, elle prétend "seulement" être un lieu de réflexion et de pro¬duction d'outils afin que chacun puisse avoir les moyens d'accéder à une lecture efficace ©Robert BOYER .