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L’oubli


Quel rôle joue l’oubli? Avis de neuropsychologues et contribution de la recherche genevoise notamment Pr. Van der Linden»

Romina Langianese Groupe 402

maître accompagnant F. Lombard




Introduction

Le but de ce travail de maturité est d’étudier le rôle de l’oubli. Le terme «oubli» n’a pas la même définition selon les domaines (neuropsychologique, neurobiologique, et neurochimique). Doncje vais vous exposer ces trois approches théoriques et tenter de trouver une réponse au rôle de l’oubli qui est difficile et fait l’objet de beaucoup de conflits de jugements
Afin de mieux comprendre le rôle de l’oubli, j’ai interrogé deux neuropsychologues et ai obtenu une retranscription d’une interview faîte par Daniel Binyet à un chercheur scientifique (notamment professeur à l’université) à Genève. En outre, une conférence a été donnée le 17 mars 2006 portant sur la problématique: «les faux souvenirs sont-ils vrais?» qui fut très intéressante même si ce domaine ne touchait pas directement mon sujet.
A travers ces interviews, il est intéressant de voir comment les différentes opinions divergent à ce sujet et de voir comme la science a fait progresser le domaine médical. En guise de complément à ma recherche, j’y ajoute aussi des informations trouvées dans les livres, ou quelques fois sur internet ou des revues hebdomadaires qui sont très utiles pour s’informer des nouvelles avancées scientifiques dans le domaine de la mémoire et de l’oubli. Les interviews que j’ai faites, ont été réalisées à Genève, afin d’obtenir des informations sur le rôle et la contribution de la recherche dans cette ville.
Lorsque j’ai choisi ce sujet, ce qui m’a le plus intrigué, c’est que l’oubli n’est pas souvent cité explicitement et positivement. En effet, il y a beaucoup d’informations qui circulent au sujet de la mémoire, comment l’améliorer etc. mais peu de personnes parlent à proprement dit du rôle de l’oubli. C’est pourquoi, mon maître accompagnant m’a proposé ce sujet qui m’a tout de suite plu par son originalité
Ce travail de maturité a pour but d’éclaircir ce sujet et non pas de donner une réponse exacte, car les opinions divergent et la technologie ne cesse de progresser. Peut-être serez-vous partisans d’une théorie qui
vous aura le plus convaincu
La mémoire qu’est-ce que c’est
Ce terme «mémoire» est employé dans énormément de domaines tels que l’informatique, la rédaction (littéraire, juridique, scolaire) ou dans différentes sciences (psychologique, humaines, neurobiologique et chimique). Selon un article paru dans l’encyclopédie «Wikipédia» (13), la mémoire est d’une manière générale le stockage de l’information. C’est aussi le souvenir d’une information.
Je vais m’intéresser à trois approches de la mémoire: psychologique, neurobiologique et neurochimique.
Ces théories ont une idée commune. En effet, elles sont d’accord sur le fait que la mémoire soit l’une des facultés les plus importantes de notre pensée, c’est elle qui permet d’améliorer notre comportement à l’aide d’expériences que nous avons vécues. C’est elle qui maintient l’unité de notre personnalité en lui gardant un passé. C’est elle qui nous permet de stocker les mots et les règles de langues que nous parlons, les habitudes de la société où nous vivons, les détails et les lieux que nous parcourons, les traits de visage visages de nos proches
Mémoire en tant que processus psychologique
Le livre de Béatrice Desgranges et de Francis Eustache (9), nous dit que depuis que Socrate a suggéré, pour la première fois, que les hommes possédaient des pré connaissances, des connaissance innées sur le monde, la philosophie occidentale a débattu plusieurs des questions suivantes: comment apprenons-nous de nouvelles informations sur le monde et comment ces informations sont-elles stockées en mémoire? Quels aspects de la connaissance sont innés et dans quelle mesure l’expérience peut-elle influencer cette organisation innée? Initialement, les philosophes utilisent principalement trois méthodes non expérimentales pour étudier la mémoire et les autres processus mentaux: l’introspection consciente, l’analyse logique et la rhétorique. Cependant, ces méthodes ne permettaient pas d’aboutir à un point de vue consensuel. Vers le milieu du 19ème siècle, les chercheurs adoptèrent la méthode expérimentale qui avait si bien réussi pour résoudre des problèmes de physique et de chimie. L’étude philosophique des processus mentaux laissa alors progressivement la place à des études empiriques sur l’esprit, et la psychologie devint une discipline indépendante, distincte de la philosophie.
Il est dit aussi (9) que les études de psychologie expérimentale ont d’abord porté sur la perception. Ensuite, les chercheurs se lancèrent progressivement dans des travaux plus complexes sur l’esprit et tentèrent de soumettre les phénomènes mentaux à l’analyse expérimentale et quantitative. Le pionnier dans ce domaine fut le psychologue allemand Hermann Ebbinghaus qui, dans les années 1880, introduisit l’étude de la mémoire en laboratoire. Il découvrit ainsi deux caractéristiques principales du stockage mnésique. Premièrement, il montra que les souvenirs ont différentes durées de vie. Certains souvenirs, de courte durée, persistent pendant plusieurs jours jusqu’à quelques mois (le stockage de ces souvenirs sont la mémoire à court terme en neurobiologie). Deuxièmement, il montra que la répétition rend les souvenirs plus durables; c’est la pratique qui permet l’amélioration. Quelques années plus tard, les psychologues allemands Georg Müller et Alfons Pilzecker suggéraient que cette mémoire qui dure des jours et des semaines se consolide avec le temps.
Le philosophe américain William James interpréta ensuite ces résultats en proposant une distinction qualitative pertinente entre la mémoire à court terme et la mémoire à long terme. Il montra que la mémoire à court terme dure quelques secondes ou quelques minutes.
A peu près à la même époque, le psychiatre russe Sergei Korsakoff publia la première description d’un trouble de la mémoire qui porte depuis son nom, le syndrome de Korsakoff. Même avant cette maladie, on reconnaissait que les troubles de mémoire pouvaient nettement éclairer la structure et l’organisation de la mémoire normale
Au milieu du 19ème siècle, on changea la manière d’étudier la mémoire. En effet, les animaux sont pris pour des expériences et non plus les êtres humains. L es psychologue devaient seulement se focaliser sur ce qui était observable. Ils pouvaient identifier des stimuli et mesurer des réponses comportementales. Malgré sa rigueur scientifique, le champ d’étude béhavioriste était restreint et ses méthodes limitées. Ils ignoraient les arguments avancés par la psychologie de la forme, la neurologie, la psychanalyse. Malgré cela, le béhaviorisme fut le courant psychologique dominant dans l’étude de l’apprentissage et de la mémoire au début du 20ème siècle. Cependant il y eut des exceptions notables à cette règle, comme des chercheurs qui privilégient les processus mentaux. Selon un article paru dans Wikipedia, la psychologie cognitive étudie les grandes fonctions psychologiques de l'être humain que sont la mémoire, le langage, l'intelligence, le raisonnement, la résolution de problèmes, la perception ou l'attention.
Plus généralement la cognition se définit comme l'ensemble des activités mentales et des processus qui se rapportent à la connaissance et à la fonction qui la réalise.
La psychologie cognitive part du principe que l'on peut inférer des représentations, des structures et des processus mentaux à partir de l'étude du comportement. Contre le béhaviorisme elle défend que la psychologie est bien l'étude du mental et non du comportement. À la différence des autres courants mentalistes, elle ne pense pas que l'introspection soit une voie d'accès particulièrement fiable pour explorer le mental
De nombreux psychologues étudièrent la mémoire. Parmi eux, un psychanalyste se démarqua grandement et dont sa théorie mérite est importante d’être citée: Freud Sigmund (1). (1856-1939), médecin autrichien, neurologue et fondateur de la psychanalyse. Freud a découvert l'existence de certains mécanismes psychiques : notamment le refoulement, décrit comme un mécanisme psychologique inconscient par lequel le souvenir d'événements pénibles ou menaçants est maintenu hors du champ de la conscience, et la résistance, définie comme l'opposition inconsciente à la prise de conscience des expériences refoulées afin d'éviter l'angoisse qui en résulterait. Ainsi, en utilisant les libres associations de sa patiente pour la guider dans l'interprétation des rêves et des lapsus, Freud avait reconstitué le fonctionnement des processus inconscients.
La psychologie a été d’une grande importance pour la recherche scientifique. Les premières réussites dans le domaine neurologique furent trouvés par des psychologues ou psychanalyse comme nous avons pu le voir précédemment. Selon un article paru dans Wikipedia (12), nous constatons, dans l’esprit actuel, une façon de réécrire l'histoire en mettant en avant tout ce qui favorise l'éclairage scientifique. C'est ainsi que peut naître la confusion entre la neurologie et la psychologie.
Pour conclure, la mémoire et la réminiscence des souvenirs sont importantes psychologiquement donc, car le souvenir permet de combler le vide et la solitude dans une vie. En outre, nous ne pouvons pas parler de médecine sans l’aspect psychologique. L’éthique fait partie du domaine psychologique et médical. Quand on soigne, on se questionne et il y a certaines contrainteset règles à respecter (dont justement l’aspect moral).
Mémoire neurobiologique (18)
Dans le livre de Jean-Jacques Feldmeyer (4), il est dit que la mémoire est avant tout une fonction biologique vitale, la principale fonction du système nerveux, dévolue au cerveau.
Où se logent les souvenirs?
Aucune zone cérébrale n’est spécifiquement dédié à un type particulier de mémoire, mais des réseaux interconnectés de neurones relient diverses régions pour construire «la» mémoire. Cependant, on sait aujourd’hui que certains types de mémoire font intervenir telles zones du cerveau. «La formation d’un souvenir peut se schématiser comme la succession dans le temps de trois processus neurocognitifs: l’encodage, le stockage et la récupération de l’information. Ces quatre processus sollicitent différentes régions du cerveau. Le moindre dysfonctionnement de l’une d’elles est susceptible d’induire un trouble mnésique. C’est la raison pour laquelle notre mémoire est fragile.» (11)
Parmi les différents types de mémoire, on schématise la mémoire explicite (mémoire) et la mémoire implicite (apprentissage). La mémoire explicite se divise en mémoire sémantique et mémoire épisodique (évènements).
Lors d’une mémorisation, plus on a de codes (donc de stimuli) pour une information donnée, et mieux elle est mémorisée, activant ainsi plus de zones dans le cerveau.
Mémoire neurochimique
Notre cerveau comporte environ 1 million de milliards de synapse, ces connexions chimiques assurant la communication entre deux neurones. Qu’est-ce qu’un neurone? «Le neurone est une cellule nerveuse proprement. Il a pour rôle, par l'intermédiaire de ses prolongements cellulaires (les dendrites et l'axone), de recueillir et de conduire l'information nerveuse et, au sein des centres nerveux, de traiter cette information.» (11)
Dans le livre cerveau et pensée (4), des scientifiques nous disent que tous les neurones sont doués de mémoire, mais aucun en particulier n’est le siège des souvenirs. La formation des souvenirs résulte de modifications de connexions des réseaux. Les neurones au passage du nouveau circuit modifient temporairement leurs connexions synaptiques, un peu comme un aiguillage de chemin de fer. L’hypothèse de Hebb se résume ainsi: un souvenir se crée lorsque l’action simultanée de deux neurones renforce la synapse, c’est à dire le point par lequel ils communiquent. Lorsqu’un neurone dit présynaptique en active un autre postsynaptique de façon répétée, des changements métaboliques surviennent et l’efficacité de la transmission des signaux du neurone présynaptique vers le neurone postsynaptique augmente.
Les neurones sont des généralistes et non des spécialistes. Il n’y a pas de différence entre un neurone de la sensibilité du pouce ou celle de l’index. C’est la position des neurones qui définit leur fonction. Le cerveau n’arrête pas de créer ou supprimer d’immenses quantités de contacts synaptiques.
Les cellules communiquent entre elles par compétition et non spécialisation. En effet, il n’y pas de catégorie de cellules qui s’occupent de tel endroit car elles ont toutes le même rôle. Il y a compétition entre les informations qui surviennent: le neurone privilégie celles qui arrivent dans des conditions précises, celles qui sont «signifiantes». La coïncidence temporelle joue un rôle déterminant: ce qui arrive toujours en même temps signale une chose intéressante. Le neurone n’a pas à choisir, il est influencé. La connotation affective détermine si oui ou non l’information est importante et doit être stockée.
Selon un article paru dans Wikipedia, la synapse (du grec. syn = ensemble; haptein = toucher, saisir; c'est-à-dire connexion) désigne une zone de contact fonctionnelle qui s'établit entre deux neurones, ou entre un neurone et une autre cellule (cellules musculaires, récepteurs sensoriels...). Elle assure la conversion d'un potentiel d'action déclenché dans le neurone présynaptique en un signal dans la cellule postsynaptique. On distingue habituellement deux types de synapses: - la synapse chimique, très majoritaire, qui utilise des neurotransmetteurs pour transmettre l'information (celle dont nous traitons); et (la synapse électrique).
La synapse chimique a une extraordinaire plasticité. Cette plasticité est connue sous le nom de potentialisation à long terme, ou LTP. Les synapses utilisent le glutamate comme neuromédiateur:«le neuromédiateur ou neurotransmetteur sont des molécules libérées par les terminaisons nerveuses des neurones, jouant le rôle de messagers chimiques permettant la transmission de l’influx nerveux entre ces cellules et une réponse biologique au niveau de l’organe cible de ce message» (11)
On trouve les synapses dans l’hippocampe et dans la plupart des structures corticales et sous-corticales du cerveau. Selon les dossiers de la Recherche (11) les synapses puissent être modifiées, il faut qu’elles soient activées, ce qui signifie que l’influx nerveux qui arrive au niveau du neurone pré-synaptique se propage au neurone post-synaptique. C’est le récepteur AMPA du glutamate qui permet la propagation de cet influx nerveux. Si le neurone post-synaptique est suffisamment activé, un second récepteur jusque-là inactif, le récepteur NMDA, subit une modification qui fait que sa stimulation par le glutamate entraîne l’entrée du calcium dans la cellule. En découle l’activation de nombreuses protéines, en particulier des kinases (enzymes qui catalysent une réaction de phosphorylation durant laquelle un groupement phosphate est fixé sur une protéine donnée) dont la calmoduline kinase II (CAMKII) et les MAP kinases. Au moins deux types de mécanismes sont alors déclenchés: la phosphorylation des récepteurs du glutamate (tant NMDA que AMPA), et l’activation de la machinerie génique. Ces modifications aboutissent à un très grand remodelage des circuits neuronaux: changements de la forme et de la taille des synapses, insertion de récepteurs du glutamate et transformation de synapses silencieuses en synapses actives, et croissance de nouvelles synapses.
Il y a deux sortes de synapses qui interagissent pour la mémoire: la synapse glutamatergique dont j’ai expliqué le fonctionnement précédemment et la synapse cholinergique. L'acétylcholine agit sur les cellules cibles par l'intermédiaire de deux groupes distincts de récepteurs : muscariniques et nicotiniques. Tandis que le neurotransmetteur du glutamate est l’AMPA. Le fonctionnement reste le même excepté les substances chimiques qui interagissent.
L’oubli psychologique
Il y a l’oubli conscient et l’oubli inconscient dit refoulement: «Le refoulement, décrit comme un mécanisme psychologique inconscient par lequel le souvenir d'événements pénibles ou menaçants est maintenu hors du champ de la conscience, et la résistance, définie comme l'opposition inconsciente à la prise de conscience des expériences refoulées afin d'éviter l'angoisse qui en résulterait.» (14) Cette notion de refoulement vient bien sûr de Freud. Les théories freudiennes disent que l’oubli serait d’origine affective.
En outre, on oublie parce qu’on est trop absorbé par le présent et qu’on ne se donne pas la peine d’évoquer le passé. L’oubli est involontaire par exemple: si on nous demande de penser à tout sauf à une pomme, on ne pensera qu’à une pomme.
L’oubli neurobiologique
L’oubli fait partie intégrante du mécanisme de la mémoire. Il est même indispensable à l’équilibre mental et au processus mnésique. Selon les scientifiques, on ne saurait pas vivre le présent sans mettre de côté le passé, du moins temporairement.
L’oubli serait dû à une erreur lors du codage ou du stockage et de ce fait ne serait plus accessible (fragilité du processus mnésique). Par exemple: Dans l’hippocampe, l’information circule en boucle, si la boucle est rompue, l’encodage des souvenirs à long terme n’est plus possible (11). Sans compter l’oubli dû à un choc ou accident qui toucherait le cerveau et provoquerait une attaque cérébrale ou autre.
En outre, l’oubli est dû au vieillissement, selon encarta (14), le vieillissement serait le résultat de l’accumulation de lésions génétiques qui touche les cellules de la mémoire, de petites erreurs dans l’énorme machine qui sert à la transmission de l’information génétique, ce qui réduirait, voire empêcherait, le fonctionnement cellulaire
Une autre théorie repose sur l’effet Hayflick, du nom du microbiologiste américain Leonard Hayflick. Ce dernier a découvert que certaines cellules humaines dans une culture de tissus ne peuvent effectuer qu’un nombre limité de divisions avant de mourir, ce qui peut signifier que le vieillissement est programmé génétiquement au sein des cellules.
Il est dit aussi que parmi les aspects cellulaires du vieillissement bien répertoriés, on retient particulièrement l’accumulation des radicaux libres. Ces substances sont des produits (des « déchets ») du fonctionnement cellulaire, qui sont normalement neutralisés au fur et à mesure par la cellule. Leur accumulation avec le temps ou la diminution des capacités de neutralisation serait responsable de certaines maladies et du vieillissement. Dans la mesure où les radicaux libres peuvent, notamment, altérer l’ADN qui constitue les gènes, on voit que les différentes théories ne s’excluent pas forcément, mais qu’elles peuvent se compléter. Toutes ces erreurs provoqueraient donc une moins bonne aptitude face au processus cognitif.
L’oubli neurochimique
L’oubli est dû à la plasticité synaptique. Il y a de nouvelles synapses fabriquées, d’autres qui se dédoublent grâce à la stimulation. Tout cela induit donc des modifications anatomiques.
Simultanément les neurones et leurs connexions sont vulnérables et vieillissent avec le temps (une des hypothèses): les souvenirs s’estompent. Heureusement les souvenirs ne s’oublient pas en bloc. Grâce aux connections horizontales et verticales des réseaux, le rappel peut se faire par plusieurs voies d’accès.
La maladie d’Alzheimer par exemple, commence par attaquer les neurones du système limbique, particulièrement ceux de l’hippocampe.
L’oubli se produit lorsque la mémoire à long terme fait le ménage de ses informations lorsqu’elle juge que la connexion entre les neurones codant une information n’est pas assez forte.
Bilan/conclusion
La plupart des gens pensent que la mémorisation est beaucoup plus importante que l’oubli et qu’il faut à tout prix vaincre cet oubli pour tout savoir et pouvoir tout retenir: exercices pour faire progresser sa mémoire, mots-croisés etc. En dépit de cette opinion commune, l’oubli est «plus important» que la mémoire. Comme l’a saisi Alexander Chase dans un paradoxe lapidaire: «La mémoire c’est ce qu’on oublie» ou Thomas Fuller:«On oublie bien plus qu’on se rappelle» (6).
Il est important psychologiquement d’oublier, car les souvenirs peuvent être douloureux et lourds à porter si on s’en souvenait quotidiennement. Prenons l’exemple d’une femme traumatisée par une agression, elle ne pourrait pas vivre dans le moment présent et profiter de bons moments car son passé la poursuit. Elle doit donc avoir recours à un corps médical (psychiatres et psychologues) pour évacuer ce poids. Car l’oubli d’un évènement riche en émotions ne peut pas s’effacer de lui-même et automatiquement de notre tête, sinon ce serait trop facile d’être heureux: nous sélectionnerions automatiquement que les bons moments! Grâce à des séances, le patient se confie et tous les refoulements s’évacuent ce qui fait que le patient «relativise». Par conséquent, l’oubli est indispensable pour s’ancrer dans le présent après un épisode traumatisant. Dans les dossiers de la recherche (11), Bernard Croisile rapporte que pour les psychiatres, l’oubli est nécessaire à notre survie psychique. Mais le refoulement psychanalytique actif de certains épisodes déplaisants n’a pas encore fait sa preuve biologique.
En outre, l’oubli est une manière confortable d’échapper au devoir en tout genre en rejetant la faute sur la fragilité mnésique de notre cerveau: c’est un oubli volontaire. Et lorsqu’on choisit volontairement d’oublier, on élimine plutôt le négatif, pour se protéger de ce qui gêne ou fait souffrir. On choisit délibérément d’oublier, et inversement on retient les souvenirs en le rappelant volontairement à la mémoire. Par exemple: Il est pratique d’oublier ses courses que l’on a pas envie de faire, des messages délicats à transmettre, ou des rendez-vous que l’on redoute. En général, on oublie pour «se tirer d’affaires»!
Du point de vue neurobiologique, l’oubli est indispensable. Il est positif ou négatif selon les contextes. Il est indispensable pour concentrer son attention sur une tâche ou une personne par exemple. L’oubli fait partie intégrante d’un mécanisme, il est indispensable à l’équilibre mental, puisqu’on ne pourrait pas se concentrer sur une tâche sans que celle précédente nous encombre le cerveau et nous met dans l’impossibilité d’accéder à la mémorisation d’autres nouveautés. Dans les dossiers de la recherche (11), Bernard Croisile rapporte que pour les neurologues, notre cerveau n’est pas programmé pour tout retenir. «Il est sans doute programmé pour oublier… parfois». Mais les mécanismes cérébraux ne sont pas encore mis en évidence. Cependant, tout s’accorde à dire que l’oubli est, paradoxalement, une caractéristique indispensable de notre mémoire! Il nous aide à retenir seulement les faits principaux en faisant abstraction d’éléments mineurs parasites: nous pouvons ainsi plus facilement construire des concepts et généraliser des connaissances ou les mettre à jour. Il est en effet essentiel de remplacer d’anciennes informations par de nouvelles plus adaptées à l’évolution des connaissances. Ou, à l’inverse, de ne pas perdre les connaissances de base en négligeant les faits mineurs.
Le handicap social de personnes atteintes de mémoire absolue est de lourde conséquence. Le journaliste Veniamin (11), étudié par le neuropsychiatre russe Alexandre Luria, présentait une hypermnésie totale à la longue très incommodante: la profusion de détails qu’il ne cessait d’enregistrer était un obstacle à sa réflexion, à la formation de concepts, au raisonnement. Les individus ayant une mémoire absolue doivent faire des efforts pour oublier et non pas pour apprendre.
Pour conclure, les opinions divergent grandement comme nous avons pu le voir avec deux avis de neuropsychologues. Les découvertes au sujet de l’oubli et de la mémoire sont en perpétuel mouvement et les résultats ne cessent de progresser à Genève. Malgré un manque de réponses «fixes», nous savons que le rôle de l’oubli est fort important et forme un ensemble cohérent avec la mémoire et complet: l’un ne va pas s’en l’autre

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